ce texte fera parti d'un livre sur le deuil .....c'est moi qui l'ai ecrit mais pour la contruction des phrases une tres bonne amie a moi ( virtuelle peut etre ...mais bien reelle ds mon coeur ...) m'as aidée...
Laurent est né en 1974. Il eut une enfance malheureuse. Un père alcoolique qui lorsqu’il avait trop bu, devenait son bourreau. Moi, je suis née d’une famille italienne où je vais chaque année pour voir ma famille restée là-bas.
Lui et moi nous sommes rencontré le 8 juin 1999.
Un peu trop tôt dans ma vie, alors que j’avais seulement 18 ans, j’ai su que j’attendais mon premier petit garçon. À ce moment, je connaissais le papa depuis seulement 5 mois. Lui il avait 25 ans et contre toute attente, il eut beaucoup plus de mal que moi à encaisser cette nouvelle.
Moi, j'allais être maman, cette nouvelle a bouleversé ma vie à jamais...
Enfin, j’avais un but dans la vie, m’occuper d’un petit être qui grandissait lentement en moi. Ma première grossesse ne fut pas très joyeuse…. Pour cause de menace d’accouchement prématurée, je du restée à l’hôpital 2 mois et demi. Benjamin est finalement né le 29 juin 2000 à presque 8 mois de grossesse.
J'ai aimé tout de suite ce petit bouchon que j'avais eu du mal à garder en moi pendant ces 8 mois...
Vers ses 3 ans et demi je commençais à penser à un deuxième enfant que je désirais avoir avec moi. Je ne voulais surtout pas que Benjamin soit un enfant unique, car je voulais qu'il apprenne à partager… à aimer...
La deuxième conception fut des plus facile, au premier coup d'essai j’avais déjà un petit bout de vie creusée au fond de moi.
Quelle joie lorsque j'ai su que j’allais avoir une fille. Ma fille, cette petite crevette qui allait devenir Emma... Emma Clara.
Cette grossesse fut moins chaotique que la dernière... Enfin, j’ai encore été hospitalisée pour cause de menace d’accouchement prématuré, mais moins longtemps.
Par contre, tu m'as fait d'autre frayeur mon ange...
Ma fille s’était mise en siège... Elle était déjà une vraie chipie, elle avait une jambe surélevée un autre sous la fesse, le cordon ombilical était autour de son petit cou. Pour couronner le tout moi, je n'avais plus de liquide amniotique.
Vraiment toi... tu m’as fichu une de ces trouilles.
Par précaution, nous devions donc me faire une césarienne.
Le 1er juin 2004, j’entends son crie pour la toute première fois... Je l’aime si fort ma petite Emma, je l’aime d’amour.
L’été arrive avec ses belles et chaudes journées.
Notre fille était si petite, si fragile que nous décidions d'être prudents et de ne pas partir en Sicile cette année. On se dit que la chaleur est trop forte pour un petit bout de choux comme elle.
Quelle erreur nous avons faite ! Sans le savoir, nous venions de déclencher le compte à rebours de sa vie...
Nous décidions que même si nous n’allions pas en vacances, nous ne devions pas priver notre petit Benjamin de cette aventure. Nous allions donc le laissons partir avec ses grands-parents maternels faire ce beau voyage qu'est celui de retrouver ses racines...
Il était temps de partir, c’était le 20 juin 2004.
Depuis plusieurs jours, Benjamin était tout heureux de pouvoir aller voir la famille, mais à la dernière minute, il voulut changer d'avis et rester ici, avec nous... Nous l’obligions presque à monter dans la voiture.
Heureusement que tu es parti mon grand...
Le voyage se passa bien. De mon côté, je souhaitais aller rendre visite au grand-père paternel. Celui-ci n’avait pas encore eu le bonheur de connaître Emma Clara. Il était maintenant sobre depuis plus de 15 ans et avait refait sa vie, il était devenu une bonne personne.
J’en parlais alors avec mon conjoint qui ne fut pas trop réticent. Au contraire, il me dit qu’après toutes ces années, il voudrait en même temps pouvoir se rapprocher de son père. Nous décidions donc de leurs rendre visite. Une visite surprise. Ils furent prévenus qu’on passerait les voir, seulement la veille de notre arrivée. Bien sur, nous bousculions leurs projets, mais ils étaient vraiment ravis de notre visite.
Nous étions le 25 Juillet 2004, dehors, il faisait bon, il faisait doux. Mon beau père avait prévu une belle partie de pêche. Laurent avait toujours aimé la pêche, il était ravi qu'on y aille tous ensemble. Nous voilà partie, avec notre petite puce, pour une belle journée en plein air. Nous étions sur un grand étang très arboré, le décor était paradisiaque.
J’allaitais Emma Clara, elle avait très faim. Elle mangeait lorsqu’elle en avait envie. Ça ne m’embêtait pas, j’étais contente de savoir que mon lait était bon, car pour Benjamin, l'allaitement avait été cour, très cour. Pour ma puce, je persévérais, j'insistais et après quelques jours de douleurs tout se passait parfaitement bien. Elle grossissait et grandissait merveilleusement bien.
Les dernières images et souvenirs intacts que j’ai de ma fille datent de cette journée.
Après cette tétée, elle et moi allions faire une petite ballade pendant que son papa et son grand-papa continuaient de pêcher. Je me souviens, comme si c était hier, de ces allées bordées d'arbres plus verts les uns que les autres, de ce soleil qui faisait chaud au cœur. Nous étions si bien.
Je me souviens de tout ce temps. Je nous vois encore monter en voiture pour notre retour de l’étang, et puis, c’est le trou noir...
Je ne me souviens plus d’avoir rouler en voiture. Je ne me souviens plus qu’en voulant tourner à gauche dans un croisement, Laurent n’ait pas vu l’autre véhicule arriver dans notre sens à cause du soleil. Je ne me souviens plus lorsque l’on s’est engagée et que cette voiture nous ait percutée. Je ne me souviens plus qu’elle nous ait percutée en plein milieu, là où était la petite.
Je me suis réveillée à l’hôpital, il faisait nuit. Je souffrais d’un traumatisme crânien. Dès que j’ouvris les yeux, on m’assomma avec des cachets. Je croit qu’on ne voulais pas que je souffre, mais moi, les douleurs physiques je m’en moquais… je voulais seulement savoir ce qu’il ce passait et où était ma fille!
Une infirmière vint me dire que l’on avait eu un accident de voiture… que ma fille était entre de bonne main… que les médecins, les meilleurs, étais avec elle et s’en occupait. Je ne pouvais pas aller la voir, j’étais trop faible, je devais attendre.
Je me réveillais entre deux piqûres et je priais, je priais de toutes mes forces pour que Dieu aide les médecins à guérir ma petite fille... Je le suppliais de ne pas la prendre… J’implorais le tout puissant de me laisser une chance. Je ne voulais pas qu’il me la prenne, elle avais besoin de moi… j’avais besoin d’elle, j’avais besoin de ma fille.
Je ne savais plus quel jour on était, je ne savais plus quel heure il était. Lorsque je vis Laurent arriver, effondré, à cette instant précis, je compris… je compris que ma toute petite fille étais morte… que mon bébé n’étais plus de ce monde. Et je n’avais même pas pu la voir, je n’avais pas été là pour la rassurer, pour être avec elle.
Nous pleurions, nous pleurions et nous criions, très fort. J’étais anéantie. Les médecins furent obligés de me refaire une piqûre pour que je me rendorme.
Notre vie était là, suspendue devant nous. Nous n’arrivions plus à l’atteindre. L’équipe médicale nous demanda de rentrez chez nous. J’étais obligé, sans répliquer, de dire au revoir à ma fille. De reprendre ma vie qui n’avait plus de sens à mes yeux.
Emma était là, sur une table. Elle était habillée de sa petite robe orange et de ses petits collant blanc. Sa petite mèche de cheveux blanche étais encore là. Elle était froide mais elle était belle.
La femme de mon beau père me dit que je n’avais pas le droit de la prendre dans mes bras. Je ne comprenais pas, je voulais la prendre, une dernière fois, je voulais pouvoir lui dire adieu comme une bonne maman. Mais elle me dit que non, je n’avais pas le droit.
Je lui dit alors au revoir, comme ça, en lui faisant un petit bisous sur sa joue et en lui caressant le visage. Je grave en ma mémoire tout ses petits traits.
Avec le recul, je comprend pourquoi la femme de mon beau-père m’avait interdit de prendre Emma Clara dans mes bras… je crois que je serais partie en courant avec elle si elle ne me l’avait pas empêcher. Certes, je comprends, mais je ne l’excuse toujours pas…
Ma mère appris la mauvaise nouvelle à notre fils Benjamin alors qu’ils étaient encore en Sicile. Celui-ci en a voulu à ma mère pendant un an, il ne pouvait plus la supporter. Pour lui c’était la faute de ma mère qu’Emma était décédé, c'était sa faute car c’était elle qui lui avait annoncé.
Nous rentrions donc à la maison. Nous devions maintenant préparer les funérailles qui eurent lieu le 29 Juillet. Son petit cercueil fut fermé le jour d’avant. Nous avions réservé une petite salle attenante au cimetière, toute la famille si était réuni… Les personnes qui n’étaient pas venue voir Emma à l’hôpital, ne la reverront plus.
Son cercueil fut porté par Laurent, mon père, mon beau-frère et le meilleur ami de mon père, Umberto. Le pasteur, Guy Georges, lui fit une très belle prière. Mon père lui, n’avait pas eu la force de parler. Nous, on pleurait… on pleurait… Nous étions incapable de rentrer chez nous sans notre petite Emma Clara.
Ma mère nous avait invité à passer quelque temps chez elle. Nous avions accepté et étions resté chez elle pendant un long mois. Ensuite, après que Laurent ait vidée la maison de tous les objets de notre fille, comme je lui avais demandé car je voulais changer de lieu, changer de vie, nous pouvions retourné chez nous. Nous le devions, car la rentrée des classes de notre grand Benjamin approchait et nous nous devions d’être là et bien présent pour lui.
Lorsque je suis retourné à l’école, les gens faisaient semblant de rien. Sa me faisait tellement mal… Il faisait comme si je n’étais jamais tombé enceinte, comme si ma fille n’était ni née, ni décédée…
Au mois de mars 2005, je tombe de nouveau enceinte. J’avais besoin d’un bébé, ma fille me manquait tellement. Ce fut une belle grossesse, sans hospitalisation cette fois, mais j’ai quand même eu un accouchement prématuré. Mon petit Théo est né avec ses 2.440kg et ses 45 cm. Il me fait fondre, il est si magnifique… La vie reprend son cours.
En cette année 2007, le jour de la fête des mères, Laurent décide de ne plus vivre avec nous. 15 Jours plus tard, il demandait le divorce.
Je n’avais pas su l’aider, il ne s’en était pas sorti… Je n’avais pas su l’aider, car je n’avais pas pu m’empêcher de le culpabiliser. Je n’avais pas pu me sortir de la tête qu’il conduisait ce jour là…
Nous avions exprimé notre chagrin différemment et nous nous étions perdu en route.
On restera à jamais les parents de trois merveilleux enfants… Benjamin, Emma Clara et Théo, mes amours…
Laurent, grâce a toi je suis devenue une femme. Dans une autre vie… on aurait été heureux