Pour toutes celles qui ne connaissent pas mon histoire (je n'ai pas retrouvé mes tout premiers articles mais bon, ça date d'il y a quand même 3 ans et demi!!!) :
-J'ai perdu un fils in utéro à 39SA (Adrien) alors que la grossesse était sans problème.
-J'ai enchaîné avec une grossesse géméllaire (Justine et Célestine) mais à 5 mois de grossesse, Célestine est décédée....
-J'ai accouché de mes 2 filles (après un long combat contre l'ignorance médicale et l'insensibilité de mon entourage) mais Justine a fait une hémorragie cérébrale et a immédiatement été conduite en soins intensifs. Je me suis retrouvée seule à me battre pour la reconnaissance légale de Célestine et à lutter pour ne pas faire souffrir Justine de notre séparation temporaire.
Aujourd'hui, Justine a 2 ans. Elle va très bien mais j'ai traversé des hauts et des bas. Bien sûr, après le décès d'Adrien, il n'y avait de la place que pour le désespoir et la solitude. Je me suis heurtée à un monde d'incompréhension et à la souffrance sans limite. Puis il y a eu des petits moments plus "joyeux" mais toujours ces creux de vague... La première année n'a été que souvenirs, dates difficiles, je revivais sans arrêt tout ce qu'il s'était passé.... (je suis retombée enceinte pendant cette même année). J'ai fini par me laisser aller et repenser à tout ça. Je crois que j'ai bien fait et je ne regrette pas. Avec le recul, je me dis que c'était une étape essentielle.
La seconde année, je comptais moins les mois, je savais toujours présicément quel âge aurait dû avoir Adrien mais ça me plombait moins les journées.
Après l'enterrement de Célestine, où on était seul malheureusement, je me suis mise à ne plus compter mais à avoir des regrets sur tout.... L'impression de ne pas en avoir assez fait pour mes enfants disparus.... D'être une mauvaise mère....
Aller au cimetière devenait moins aisé car Justine me demandait beaucoup de temps. J'ai fini par faire une dépression post partum que j'ai caché à ma famille et belle famille... Par honte et parce qu'ils ne comprenaient pas. J'ai mis du temps à me relever... Et je m'en veux toujours de ne pas avoir su faire face, ne serait ce que pour Justine au moins....
A présent, je vais bien. Je suis parfois encore amère. La souffrance s'estompe mais ne s'éteind pas. J'ai l'impression que tout ça était hier et pourtant... Le temps passe, ma vie s'est embellie mais le vide en moi est toujours un gouffre.
Je vais très peu souvent au cimetière (je culpabilise un peu mais bon...) car je ne m'y sens plus aussi apaisée qu'avant. Je me sens une étrangère... et j'ai peur de faire du mal à Justine avec tout ce passé. Je ne lui cache mais je ne veux pas lui imposer non plus...
Les dates anniversaires se font plus rares et je les ressens moins intensément... Je ne repense pas de la même façon qu'auparavant au déroulement de ces journées fatidiques... Je ne compte plus les mois mais les années... J'ai (un peu) moins de mal à supporter lorsque les gens pensent que je n'ai qu'un seul enfant...
Je crois que le seul remède à notre souffrance est de se laisser aller quand on en ressent le besoin, et.... le temps. Cruel temps....
Si je devais décrire ce que je ressens aujourd'hui, je dirai que je ne supporte toujours pas que ma famille ne parle jamais de mes anges, que mon regard s'arrête toujours sur les photos de mes anges mais mes yeux ne larmoient plus, que nous n'avons pas le choix et qu'il faut avancer...
Je vous souhaite à toutes de connaître un jour l'apaisement, de sentir la vie reprendre le dessus, de vous laisser porter par l'amour que vous ressentez pour vos anges.
A bientôt.
Bunette, une "double" mamange depuis 3 ans et demi, qui voulait enfin laisser une trace d'espoir pour toutes ces mamanges qui en ont sûrement bien besoin.