bonjour à toutes,
après une longue réflexion, je viens vous expliquer mon histoire. Je sais qu'ici on ne juge pas, mais je sais par expérience que je rencontre toujours l'incompréhension quand j'évoque mon histoire (pour ceux qui sont au courant), accompagnée d'un certain septicisme et, il faut l'avouer, on me prend généralement pour une c***. c'est pour ça que j'hésite toujours, mais je vais me lancer, en espérant votre compréhension à toutes (ça risque d'être long - je préfère prévenir)
nous avons décider de "mettre en route" notre 2ème enfant quand l'ainée à eu 3 ans - fin sept 2003 - puisque nous étions en projet d'agrandissement et que toutes les conditions allaient être idéales pour son arrivée. j'ai toujours été reglée comme du papier à musique: le 1er cycle s'est bien passé.
pour mon 2ème cycle d'attente, j'ai eu du retard : 4 jours -donc sans importance et sans inquiétude (mes règles étaient arrivées en sortant de chez le notaire pour la signature de l'appart donc j'ai mis ce léger retard sur le dos du stress).
3ème cycle: 1,5 semaine de retard. j'achète le test de grossesse. Je lis la notice pour le faire dès le lendemain matin; mes regles arrivent, je range donc le test dans un placard pour la prochaine fois.
15 jours + tard: rebelotte... bizarre - cette fois je suis completement déreglée suite à l'arrêt de pillule, ça va rentrer dans l'ordre.
15 jours + tard: encore!! mais de saignements "type hémorragie" donc je m'inquiète mais je 'nai pas trop le temps de m'occuper de moi (restructuration au travail). j'ai un "malaise" au cours d'une réunion avec des saignements dignes des chutes du niagara: je préviens mon chef et vais aux urgences (je pense être en train de faire une FC à la vue des saignements, mais je n'ai aucune douleur). A la clinique: pas d'affolement: vous n'avez pas de douleur donc pas de FC - pis pour faire une fausse couche il faut être enceinte (!) donc PDS pour vérifier, si vous êtes enceinte on vous rappelle sinon prenez duphaston 15 jours après l'arrêt des saignements. je reçois un papier de la clinique avec pleins de chiffres dessus... je n'y comprends rien mais la clinique ne m'appelle pas non-plus. je prends mon mal en patience et on verra bien (on est mi-janvier). mais les saignements ne s'arrêtent pas non plus alors pas possible de commencer le duphaston; j'ai parfois des petites pauses d'une journée mais rien de bien continu... ça m'ennerve: comment je vais pouvoir avoir un BB si je saigne toujours comme ça! je prends RDv avec ma gynéco habituelle, ce sera pour le 6 mars.
mi-février, je vois mon médecin traitant car ma fille a une rhino. Il me demande si je vais bien car j'ai l'air plus malade que ma fille; je lui explique. Il me dit qu'il faut chercher des kystes ou des polypes, me fait une ordonnance pour une écho des ovaires, comme ça j'aurais déjà une "base" pour mon RDV avec ma gygy.
RDV est pris pour le lundi 23/02. le dimanche 22, je ne vais pas bien du tout: mal de ventre, pliée en 2 , vomissements... la seule chose qui me motive pour aller travailler, c'est ce RDV pour l'écho que j'avais pris à côté de mon travail, donc j'y vais. J'explique que j'ai des métroragies (c'est comme ça qu'il faut dire, il parait) et le médecin m'examine. 2 secondes après il me dit: je ne peux rien faire pour vous, je ne suis pas compétents en la matière: vous êtes enceinte et il faut aller voir un spécialiste.
QUOI?!!! je n'y comprend plus rien , ce n'est tout bonnement pas possible avec tout ce sang que j'ai perdu. Alors je me doute que c'est le début et je m'attends à voir une petite "bulle" noire sur fond gris, un petit embryon tout petit qui commencerait à faire son chemin, mais quand il retourne son écran vers moi... je m'effondre; ce petit BB a une belle petite tête, des petits bras et jambes qui bougent, il suce son pouce... comment est-ce possible? je ne comprends plus rien, mais je suis quand même ravie! je vais avoir mon BB!
je repars au plus vite aux urgences de la clinique et j'explique mon cas. Un obstétricien me reçoit en urgence; j'ai u gors décollement placentaire - raison de mes saignements - donc il faut que je sois arrêtée minimum 3 semaines. la grossesse va être courte me dit-il, mais je ne sais pas trop faire les datations, il faut aller voir ma collègue échographe à côté.
Dans la salle d'attente je commence à réfléchir aux couleurs de papier pour la chambre, la déco, fille ou garçon, j'avais appelé mon mari pour lui donner la nouvelle et il était fou de joie... je m'y vois déjà, avec le regrête quand même d'être passée à côté du début de ma grossesse sans comprendre pourquoi.
l'échographe me reçoit. "gros décollement placentaire..... ah! oh! il va falloir qu'on prenne du temps toutes les 2". j'entends un gros "dzing" dans ma tête (je ne sais pas comment décrire).
Elle m'annonce que le BB a certainement un pblm au coeur et qu'il faut qu'on approfondisse. Elle a beaucoup de RDV mais prendra sur son déjeuner pour faire l'écho, afin de ne ps trop retarder tous ses RDV. Je reviens donc après le dej, le coeur serré. je ne sais plus quoi penser mais comme je n'ai pas trop d'infos, j'essaie d'éviter de trop gamberger.
L'examen du BB est catastrophique. Elle pense à une T18 - tous les signes sont là. fente labialo palatine en gueule de loup (pas de nez), coeur à moitié formé, le cerveau, les reins, tous les organes vitaux sont dans le même "état". ce petit BB a décidé de vivre (sinon vous auriez fait une FC depuis longtemps) mais il n'a aucune espérance de vie: il faut faire une IMG. on fait le dossier pour la commission à Beclère, on prends RDV pour une amio, on me parle de comprimé, de péridurale... j'ai l'impression d'être dans un flipper, une balle qui part de tous les côtés mais qui n'arrive pas à se fixer, je ne comprends plus ce qu'on m'explique. je ne comprends même pas qu'il va falloir que j'accouche.
je rentre chez moi le soir et - comme l'échographe me l'avait prédit - je ne ferme plus mon pantalon, mon ventre est apparu tout doucement tout au long de cette journée, je le sens bouger, je ne veux pas y faire attention. Pour quoi faire d'ailleurs? cette grossesse ne mènera à rien... mais voilà, maintenant, j'ai l'air d'une femme enceinte et je ne peux pas m'empêcher de guetter ses mouvements... pourquoi je ne m'étais jamais rendu compte de rien........je pleure sur moi-même, je pleure sur lui, je ne comprends plus rien à ma vie... pourquoi moi???
A l'époque je n'avais pas internet et je n'ai donc pas pu me renseigner sur ce qui allait se passer, comment appréhender au mieux la situation ect...
mercredi 25/02: Beclère a donné son accord. c'est le RDV amio. le liquide est plein de sang; ça confirme que la grossesse n'est pas "bonne". Avant ça avec mon mari, nous avions toujours été d'accord sur les suites à donner si on apprenait au cours d'une grossesse que le BB avait un pblm - mais là on y est et je ne veux pas. j'en parle au médecin qui me dit que dans le cas présent, c'est le corps médical qui prend les décisions et pas les parents: nous n'avons pas notre mot à dire et je me laisse guider comme un zombie. En sortant de l'amio, j'ai très mal au ventre mais il faut que j'aille à la clinique prendre mon cachet. On me fait attendre dans le couloir, c'est long.. j'ai mal au ventre, je m'assois par terre dans le couloir. Tout le monde me regarde de travers mais je m'en moque. La responsable arrive, me donne un cahet avec un verre d'eau. je dois le prendre immédiatement. "Ouvrez la bouche et tirez la langue, on doit s'assurer qua vous avez bien avalé le comprimé".... je m'exécute, elle rempli des papiers, je crois que je signe qq chose, RDV est pris pour l'IMG le vendredi 27/02 matin à 09H00 et je m'en vais.
les contractions ont commencé dans la nuit du jeudi au vendredi. j'ai mal et je ne veux pas souffrir.
mon mari a finalement pris sa journée, une copine vient prendre en charge ma grande (personne de la famille - hormis ma soeur et ma mère qui habitent loin - n'est au courant de ce qu'il nous arrive) et nous partons à la mater.
je demande la péri immédiatement - je ne veux pas souffrir pour "rien", je voudrais qu'on m'endorme, ne pas savoir ce qu'il se passe. Vers 10H on m'installe en salle de travail et on me prépare. Péridurale et tout le bazar. le tensiomêtre sonne, je suis fatiguée, j'ai très froid, je voudrais dormir.
On conseille à mon mari d'aller déjuener car la journée peut être longue. j'ne profite pour dormir un peu.
Quand il revient, la SF vient voir à son tour où on en est. Elle retire les couvertures et le BB est là, entre mes jambes. je ne l'ai pas senti sortir. mon mari détourne la tête, du coup j'ai peur! je ne veux pas le voir. on m'a dit tellement de choses horribles pour ses malformations. j'ai le tort de penser que je vais pouvoir tout effacer, tout oublier, tout ça n'est jamais arrivé. Si j'ai pu passer 5 mois de ma grossesse sans m'en rendre compte, je devrais pouvoir faire comme si rien ne s'était passé. Si je ne le vois pas, je m'en sortirais mieux. c'est ce que je pensais sincèrement à ce moment là. Je voualis poursuivre mon déni de grossesse en continuant de nier tout le reste.
Aujourd'hui je ne m'en sors pas. j'ai l'impression d'être une dingue en sursis. je regrette tellement tout ce qui s'est passé. Je n'ai jamais pu continuer à nier tout ça dans mon coeur. la raison n'a jamais pu reprendre le dessus. Aujourd'hui, quand on me demande combien d'enfant j'ai, je réponds 2. les rares fois où j'ai voulu expliquer que j'en avais trois, on me sort les phrases rituelles à la c** que vous avez toutes entendues et quand je parle de déni de grossesse, on se fout ouvertement de ma gueule (excusez mon langage). Alors je me tais... de toutes façons je n'ai rien pour "prouver" ce qu'il m'est arrivé donc il ne s'est rien passé aux yeux de tous (ou presque).
il n'y a pas eu d'autopsie, ça j'en suis sûre. Je ne sais rien de mon fils, son poids, sa taille ect... je n'ai pas fait de photos et j'ignore si les SF en ont fait, pas d'inscription sur le livret de famille,.........................RIEN si ce n'est mon souvenir et ma douleur. L'échographe m'avait proposé de donner un prénom à mon fils; je n'ai jamais pu m'y résoudre.
Aujourd'hui, je vis seule mavec mon fardeau. pour mon mari, l'histoire est ancienne et avec l'arrivée de notre 2ème fille, je ne crois pas qu'il en souffre encore - et comme il m'a dit: ce n'est pas moi qui ait accouché. mais les hommes n'ont pas la même façon de vivre les choses que nous. La dernière fois que j'ai voulu lui en parler, il a compirs que j'y pensais encore mais je ne pense pas qu'il sache à quel point je suis encore "dedans". il ne se passe pas un jour sans que j'y pense; mais nous sommes trop pudique sur nos sentiments - il me croit forte et je ne veux pas le décevoir .
voilà mon histoire (si vous êtes restée jusqu'au bout, j'ai été très longue)
voilà où j'en suis, il fallait que ça sorte. J'espère que vous, vous saurez me comprendre.